Les toilettes sèches: une solution durable et écologique

grenouille sur toilette

Imaginez entrer dans votre salle de bain; il y règne un parfum agréable de copeau de bois. Et plutôt que de tirer la chasse d’eau, vous ajoutez tout simplement une tasse de copeau de bois par-dessus… euuuuh… votre travail bien accompli! Cette façon de procéder n’est pas très différente de votre rituel actuel n’est ce pas?

Lors de la conférence Des toilettes sèches… et pourquoi pas? qui a eu lieu le 11 mai au Centre culture et environnement Frédéric Back, Mme Sandrine Seydoux, cofondatrice de l’OBNL Terr-O-Nostra, nous a communiqué l’inefficacité de maintenir le système actuel de gestion des eaux usées et nous a également expliqué que les toilettes sèches seraient à court, moyen et long terme une solution efficace et durable.

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Personnellement, je trouve tout simplement aberrant de souiller de l’eau potable dans nos toilettes. Nous avons socialement payé pour avoir un système d’aqueduc et d’eau courante dans nos maisons, pour ensuite payer une deuxième fois, par le biais des compteurs d’eau ou des taxes municipales, pour assainir à nouveau cette eau.

Au début de la conférence Sandrine mentionne que « les toilettes sèches font partie des solutions pour aller vers un assainissement durable et on est tous concernés à la fois en tant que consommateur d’eau potable et bien entendu en tant qu’utilisateur de toilettes, quel qu’en soit le type ».

 

Voici quelques informations données lors de la conférence pour vous faire une idée de l’importante pollution et du gaspillage que les toilettes à chasse d’eau occasionnent. Le système actuel de la gestion des eaux usées en milieu urbain est de plus en plus cher, de plus en plus complexe et aussi vieillissant. À la façon “tout-à-l’égout”, nous diluons dans 55 000 litres d’eau par an par habitant un volume d’eaux noires (eaux des toilettes) de moins de 550 litres, selon la moyenne française. La moyenne québécoise est beaucoup plus élevée due à l’installation plus récente des compteurs d’eau comparativement à la France. Ce qui signifie que moins de 1% des 55 000 litres d’eaux traités par les stations d’épuration annuellement par habitant nécessite un traitement spécifique pour des besoins sanitaires.

 

De plus, « même dans les meilleures stations d’épuration on ne fait pas une épuration totale. En particulier les médicaments, les hormones, toutes sortes de micros polluants et les polluants émergents ne sont pas du tout retenus par ce système. Ça passe trop vite et ce n’est pas conçus pour ça. ». Donc, en plus d’assainir un important volume d’eau qui, à la base, n’était pas contaminé, le système d’épuration n’est plus adapté aux polluants actuels. Ouf! Je crois qu’il serait grand temps de remettre en question ce système, pas vous?

 

 Il est tout à fait normal, à mon avis, de nourrir la terre d’un jardin en début de saison avec du fumier; il s’en vend d’ailleurs un peu partout au printemps. Considérant les minéraux contenus dans les fumiers animaux, pourquoi celui des humains ferait-il exception pour enrichir nos sols? Notre corps a absorbé les nutriments nécessaires à son fonctionnement avec… tadaaaa!… les fruits et légumes que l’on a consommés et qui ont poussé…TADAAAA!… dans le sol enrichi de fumier! De l’azote, du phosphore, du potassium, des matières organiques et aussi des bactéries pathogènes sont tous des éléments rejetés par notre corps. Il est certain qu’un traitement d’assainissement est nécessaire pour détruire les bactéries pathogènes contenues dans nos déchets organiques avant de pouvoir être utilisés dans nos jardins.

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Un mécanisme naturel est parfaitement apte à s’en occuper de façon efficace, il s’agit du compostage. « Le compostage est un processus biologique aérobie de conversion et de valorisation des matières organiques en un produit stabilisé, hygiénique, semblable à un terreau, riche en composés humiques: le compost. Le compostage peut être réalisé à l’échelle d’un foyer ou de quelques foyers, dans des composteurs, ou bien, à plus grande échelle sur des plates-formes de compostage, qui traitent des quantités de déchets plus importantes. » source: Wikipédia; compostage.

Mais pourquoi cette solution n’est-elle pas en place alors que tous les éléments techniques sont déjà connus et fonctionnent très bien? En faisant quelques recherches, j’en conclus une nouvelle fois que les choix et la tangente choisie lors de la révolution industrielle n’ont simplement pas été remis en questions tandis que les enjeux sanitaires et  environnementaux ont changé.

« Avec la révolution industrielle du XIXe siècle, les constructions d’égouts sont la norme partout, même dans les petits villages. Alors, l’engrais de chevaux devient le plus utilisé. Avec l’invention de l’automobile, vers 1900, les chevaux deviennent de moins en moins présents et les paysans commencèrent à utiliser des engrais chimiques, dès 1920. Après 1945, pour plus de productivité à l’hectare, les engrais chimiques se généralisèrent, et l’utilisation de matières fécales humaines disparut. Les conceptions et les normes en matière d’hygiène, d’agriculture et d’industrie ayant été bouleversées en à peine deux générations, les nouvelles générations ont souvent oublié que l’utilisation des matières fécales, humaines et animales, était la norme en agriculture avant 1945. ». Source: Wikipédia; matière fécale humaine, élimination.

À travers le monde, des projets pilotes immobiliers ayant des systèmes de toilettes sèches, de récupération d’eau de pluie et de chauffage au méthane provenant du compost sont habités et fonctionnent très bien.  Tout près de nous, à Portneuf, la compagnie Aliksir a mis au point une toilette sèche à chasse de litière, le Projet Caca d’or, qui permet à la fois de produire du compost et de récupérer la chaleur produite par ce dernier pour chauffer partiellement une habitation. Malgré ces prouesses techniques, il n’est malheureusement possible d’installer à l’heure actuelle une toilette à compost qu’en dernier recours au Québec. Cependant, il y a présentement une consultation publique qui se tiendra jusqu’au 19 juin 2016 dans le cadre d’une réforme du règlement Q2 R.22 entourant les installations septiques, telle que mentionnée dans cet article du journal Le Devoir.  Enfin une bonne nouvelle! Alors tout n’est pas perdu pour engraisser nos jardins naturellement et à peu de frais.

Il est de notre responsabilité de travailler AVEC la nature plutôt que de tenter de tout contrôler pour finalement n’arriver qu’à un pâle résultat de ses performances. J’ai utilisé une toilette à copeaux de bois aux Ateliers la terre pendant 2 ans et j’en retiens personnellement des souvenirs beaucoup plus agréables que ceux de la toilette chimique qui nous est maintenant imposée. Les quelques réticences à la première idée d’une toilette sans chasse d’eau sont très vite dissipées pour se rendre compte que ce n‘est pas très différent à utiliser.

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Auteure: Claudine Michaud, blogueuse passionnée de nature

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Sandrine Seydoux, M.Sc., agronome

 

  • Cofondatrice de L’OBNL Terr-O-Nostra
  • Responsable Recherche & Développement et Certification biologique chez Aliksir

    www.aliksir.com

 

 

 

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